La nouvelle réforme du système de santé en danger

Publié: mars 18, 2014 dans Articles / Press / Grèce

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Greece Financial Crisis

© Nikolas Giakoumidis/AP/SIPA

Un objectif de 2,5 milliards d’euros d’économies à trouver en 2014 : la Sécurité sociale demeure sous pression après six années de récession. Une nouvelle réforme du système de soins doit démarrer en mars, alors que des études montrent que la santé des Grecs se dégrade.

Plus que tout autre service de l’État, la Sécurité sociale grecque est la cible de la “Troïka”. Ce groupe formé de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international exige qu’elle économise plus de 2,5 milliards d’euros supplémentaires cette année.

Une étude, publiée le 21 février dernier dans le magazine médical The Lancet par des sociologues britanniques, pointe le rapport entre les coupes budgétaires depuis le début de la crise économique et la dégradation de la santé des Grecs. Officiellement, la mortalité infantile a ainsi augmenté de 43 % depuis le début de la crise. Après six années de récession, le nombre de non-assurés est estimé à plus de 3 millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, selon Médecins du monde et le réseau grec de santé publique.

Budget en baisse de 25 %

Si le gouvernement nie tout lien, l’un des auteurs de l’étude, Alexander Kentikelenis, écrit : “Les données révèlent que le système de santé grec a échoué à protéger les gens au moment où ils en avaient le plus besoin. Un nombre croissant de Grecs ont perdu l’accès aux soins à cause des économies budgétaires et du chômage.” Entre 2009 et 2011, le budget de la santé a baissé de 25 % et celui des investissements publics pour l’achat de médicaments, de 50 %. “Le changement imposé est si brutal que le système de santé public grec n’est plus en capacité de répondre aux besoins de la population”, conclut l’étude.

Créé en 2012 pour rationaliser l’offre de soins, l’organisme national de distribution des soins de santé, l’EOPYY, avait unifié différentes caisses de sécurité sociale, autour de la principale d’entre elles – celle des employés salariés –, héritant ainsi d’un parc d’environ 250 centres de soins dans le pays. Deux ans après, il cumule des milliards d’euros de dettes.

Le gouvernement décide alors de mettre en place une structure rebaptisée “Réseau national de soin de premier degré” (PEDY), qui doit fonctionner dès la fin mars. Problème, le ministre de la Santé, Adonis Georgiadis, a fermé tous les centres de santé le 24 février dernier, mettant ainsi en disponibilité plus de 5 500 médecins… Et laissant sans interlocuteur les millions de Grecs qui bénéficiaient de soins conventionnés.

Mesures impopulaires

Il n’est pas sûr que le réseau fonctionne sans heurts. Car le gouvernement a imposé ses règles aux médecins : s’ils veulent intégrer ce nouveau réseau de santé, ils devront exclusivement travailler pour le secteur public et donc fermer leur cabinet privé. Inacceptable, ont répondu les syndicats, qui multiplient les grèves.

Pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, le gouvernement grec a multiplié les mesures impopulaires. Il a décidé, en janvier 2014, de faire payer 25 euros à chaque patient hospitalisé. Une mesure finalement retirée sous la pression conjuguée des citoyens et des professionnels de la santé. Ce sera finalement le prix du tabac qui augmentera de 5 %. Le ministre de la Santé s’est aussi récemment attiré les foudres de l’opposition et d’un parti gouvernemental en décidant de faire payer 5 euros pour chaque consultation dans un établissement public. Une mesure qui avait été votée par le parlement grec en 2011… sous le gouvernement socialiste de George Papandréou.

Jean-Bernard Gallois, à Bruxelles

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  1. […] de la politique de la troïka : le système de santé publique. Son démantèlement est en cours avec une énième réforme qui aggravera encore la situation sanitaire du pays. Le journal britannique The Lancet en dresse […]

  2. […] de la politique de la troïka : le système de santé publique. Son démantèlement est en cours avec une énième réforme qui aggravera encore la situation sanitaire du pays. Le journal britannique The Lancet en dresse […]