Déclaration du dispensaire social solidaire d’Arta

Publié: Mai 9, 2015 dans Communiqués -Déclarations

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La semaine dernière, l’ordre des médecins d’Arta (Grèce) a dénoncé le dispensaire social solidaire de la ville de « concurrence déloyale ». 

voici la réponse du dss :
Une idée absurde : La solidarité est une action illégale !

10698662_1494895064108130_5474071192385400408_n (1)Surpris, on a lu la declaration du conseil d’administration de l’ordre des médecins d’Arta (région du nord-ouest de la Grèce), parue dans le journal régional «Echo» du 30 avril 2015, selon laquelle «le dispensaire social d’Arta fonctionne illégalement sous la responsabilité personnelle des médecins qui y participent. Il semblerait qu’il procure des soins payants et pratique ainsi une concurrence déloyale contre les membres d’ordre des médecins d’Arta». 

L’annonce mentionne en plus «qu’à partir du 28 avril 2015, tout citoyen grec ou étranger qui réside légalement en Grèce a droit aux soins médicaux».

 Nous signalons que :

1)      Le dispensaire social d’Arta est une structure autonome et indépendante de solidarité sociale. Il offre gratuitement des soins médicaux aux citoyens exclus du système de la sécurité sociale, aux chômeurs et aux citoyens défavorisés. Tous les médecins du dispensaire sont bénévoles et ils ne perçoivent la moindre rémunération pour leurs services. 

N’étant pas une clinique privée, le dispensaire ne nécessite d’aucune licence ou permission relevant de l’ordre des médecins pour son fonctionnement. Nous ne savions pas que la solidarité sociale est considérée comme une action illégale !

2) Tous ensemble (médecins bénévoles et citoyens solidaires), nous avons contribué à la création de cette structure, car nous avons constaté que depuis le début de la crise économique et jusqu’à maintenant, il y a une constante augmentation du nombre de citoyens exclus des soins médicaux et que cette exclusion a des effets désastreux sur la santé des groupes sociaux défavorisés.

 Avec la conviction que :

–       La santé est un droit fondamental et un bien social précieux,

–       Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires (Déclaration universelle des droits de l’homme art. 25),

–       La protection et la cohésion sociales à travers les réseaux de solidarité sont nécessaires pour résister et imposer une autre solution face à la crise.

 Nous ne sommes pas de «Bons Samaritains», comme on nous qualifie ironiquement.

Nous n’avons ni l’intention ni l’illusion de remplacer l’État qu’il n’assume plus ses responsabilités en matière d’accès des citoyens aux soins primaires et à la santé.

Nous continuons à lutter pour un système de sécurité sociale pour TOUS et SANS AUCUNE EXCLUSION. 

Nous sommes tous touchés par la crise qui a dévasté le domaine de la santé publique. Le système de la sécurité sociale fonctionne en sous-effectifs, en manque de personnel spécialisé et de matériel pharmaceutique et médical. Les citoyens qui ont perdu le droit d’accès au système de la sécurité sociale à cause du chômage ou parce qu’ils ne peuvent plus payer leurs cotisations sociales ne peuvent recourir aux services hospitaliers qu’en cas d’urgence. Des citoyens sans aucun revenu ne peuvent pas acheter leurs médicaments.

Nous essayons de couvrir ces manques avec des dons et des contributions de nos concitoyens et les abonnements des membres de notre association.

Les citoyens qui viennent au dispensaire social ont été conduits à la misère par la crise. Si on accepte l’idée absurde de l’ordre des médecins d’Arta que le fonctionnement du dispensaire social exerce une concurrence déloyale, on devrait aussi accepter que les épiceries sociales (structures d’aide alimentaire) exercent une concurrence aussi déloyale à l’égard des supermarchés, que la Croix-Rouge en fait pareil à l’égard des boutiques de vêtements, etc.  C’est dérisoire !

Le dispensaire social d’Arta n’est pas un cas isolé. Il fait partie d’un large réseau de solidarité sociale qu’il regroupe 51 dispensaires sociaux dans différentes régions de la Grèce.

La solidarité et le bénévolat en général n’ont nul besoin d’un statut législatif, car les bénévoles agissent sans aucun intérêt personnel et loin de tout esprit de concurrence. Ils ne font qu’exprimer leur bienveillance et leur respect d’autrui tout en nourrissant l’espoir pour un meilleur avenir, pour une vie en dignité. Ce que devraient savoir et reconnaitre surtout les membres de l’ordre des médecins d’Arta qui ont déjà prêté le serment d’Hippocrate. Nous attendions plus de sensibilité et de compréhension de leur part.

 Et s’ils offrent eux aussi gratuitement (comme ils le prétendent) des soins médicaux à nos concitoyens défavorisés, nous les invitons à adhérer à notre structure comme volontaires et nous les félicitons pour leur initiative. Nous accueillerons avec plaisir toute personne souhaitant y contribuer.

Les bénévoles du dispensaire social d’Arta

facebook : https://www.facebook.com/pages(…)

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commentaires
  1. DUBREIL dit :

    Les Ordres des médecins sont décidément les mêmes structures indécrottables partout. Rappelons qu’en France, l’Ordre des médecins a été créé par le Maréchal Pétain en 1941 pour contrer les syndicats de salariés et qu’aujourd’hui cet Ordre, en France, est complice d’attaques en justice d’employeurs contre des médecins généralistes ou du travail parce que ceux-ci font le lien entre santé et travail, et par là ne font qu’exercer leur métier, mais c’en est trop pour les employeurs…

    Patrick Dubreil (Syndicat de la médecine générale, qui a toujours lutté contre l’Ordre des médecins)

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